Notre avis et/ou analyse
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Avis écrit le 19/04/2021
« Le téléphone du vent, une passerelle vers l'au-delà. »
Ce court reportage d'ARTE ne laisse pas indifférent. Il met en lumière des gens qui ne peuvent pas oublier ceux qu'ils ont perdus, et notamment lors de la catastrophe de 2011. Ils veulent leur parler, c'est très important pour chacun d'eux. Mais ils ne le peuvent pas, n'étant plus de ce monde. Dans un pays où il est compliqué d'exprimer ses sentiments, cette cabine de téléphone est le meilleur endroit pour se confier.
Je suis tombé presque par hasard sur ce reportage. Je l'ai trouvé très émouvant. Très bien réalisé, il nous met en lumière des gens qui ne peuvent pas oublier ceux qu'ils ont perdus. La seule manière qu'ils ont trouvée pour éviter de trop souffrit, c'est de leur téléphoner. C'est, en quelque sorte, une connexion vers l'invisible. Même s'il n'y a personne au bout du fil, cela leur permet d'alléger, grâce à la parole, un peu leurs souffrances. Le fait de se confier, surtout dans cette société japonaise où l'on garde tout pour soi et on n'évoque jamais ses sentiments personnels, les soulage. Ce moyen, d'extérioriser la souffrance, n'est peut-être pas le meilleur qui existe, mais il a le mérite d'exister et de faire du bien à ceux qui l'utilisent. Je trouve donc que c'est une bonne première étape afin de faire le premier pas vers la délivrance et de pouvoir avancer dans la vie.
Ce reportage va aussi un tout petit peu plus loin en traitant du sujet du mur de béton. Ce dernier a été construit afin d'éviter, s'il y a un autre tsunami, que le même désastre se reproduit. Haut de plusieurs mètres, c'est la réponse que le gouvernement à donner à cette ville pour panser le traumatisme et les maux du passé. Il n'a pas essayé de comprendre la souffrance de chacun. Il a plutôt préféré ériger un mur entre ce village et la mer. Au final, ceux qui vivent sur place, ne voient plus la mer. Je ne sais pas si c'est la réponse adéquate ne vivant pas sur les lieux et n'ayant pas vécu le traumatisme de ces gens, mais je trouve, de mon point de vue, que peu importe la taille de la muraille, les blessures semblent toujours présentes. Alors n'est-il pas plutôt préférable d'essayer de comprendre toutes ses personnes, afin qu'elles puissent guérir, sans à avoir tout le temps à ressasser leur passé, pour arriver au but final : arrivé à avancer dans leur vie ? Je ne sais pas si c'est la bonne réponse, mais c'est mon opinion.
Au final, ce reportage est très attendrissant et révèle un véritable mal intérieur. Si l'on décide de porter sur le regard un peu plus loin et de voir le côté sociétal de la chose, dans ce pays, il est mal vu d'exprimer ses sentiments. De ce fait, ils gardent, pour beaucoup, tous les maux à l'intérieur d'eux et n'ont donc que très peu de moyens de s'exprimer. Ce téléphone est un moyen, comme un autre, pour finalement pouvoir exprimer ce qu'ils ont sur le cœur. Après tout, dès que l'on met des mots sur quelque chose, de suite, la douleur s'amenuise. Le propriétaire de ce jardin a eu une très bonne et belle initiative.