Notre avis et/ou analyse
!! Attention avant lecture !! Qui dit avis dit des risques de spoil.
Benoît
Avis écrit le 11/05/2024
« C'est bien écrit et cela incite à prendre davantage son temps dans son quotidien. »
J'ai vu le film adapté de ce roman il y a six ans. J'en ai complètement oublié le contenu, donc j'ai entamé ma lecture de Les Délices de Tokyo comme une feuille vierge. Ce roman a été un véritable plaisir à lire. Je ne peux pas dire que l'effet « waouh » a eu lieu, mais retrouver les personnages chaque jour n'était qu'une attente emplie de plaisir et de joie. Le lien qui unit notamment les deux personnages principaux est attachant et donne envie de suivre leur histoire jusqu'au bout.
C'est un roman relativement facile à lire qui ne demande pas un effort constant de concentration pour en comprendre les tenants et les aboutissants. Il se lit avec légèreté, et cela, malgré la gravité, parfois, des faits relatés. Les Délices de Tokyo, ou An dans son titre japonais, raconte la rencontre entre un homme et une grand-mère d'un âge avancé qui apporte avec elle toute son expérience, bien que le jeune homme n'ait pas non plus un passé négligeable. De cette relation émane quelque chose de particulier. Au début, Sentarô voulait que la grand-mère se cache des clients, mais au fil du temps et en apprenant à se connaître, un lien assez fort les unit. Cette relation est très touchante et riche de nombreux messages.
Au cœur de la préparation d'un excellent dorayaki, la passion de la grand-mère transpire à travers les mots. L'écriture m'a beaucoup plu et m'a par moments envoûté. Cette grand-mère nous rappelle l'importance du détail, mais aussi de la patience. Dans cette société où tout doit aller très vite, ici, c'est tout le contraire. Il est important de prendre son temps, comme à l'image de ce cerisier que l'on voit évoluer et changer au rythme des saisons, témoin de ce temps qui passe. L'écriture souligne l'importance du détail et ne laisse rien au hasard. Les descriptions très précises de l'auteur m'ont permis de m'immerger totalement et de prendre mon temps pour savourer chaque mot, chaque situation afin d'en apprécier pleinement la valeur.
Les Délices de Tokyo aborde aussi un sujet très spécifique : la lèpre, et comment ceux qui en ont souffert ont vécu avec, ainsi que le regard que la société japonaise porte sur cette maladie. La société, y compris la famille, rejette les lépreux. Même guéris, on ne veut pas entendre parler d'eux. Ils sont confinés dans un lieu où ils vivent entre eux. On préfère les cacher, une triste réalité qui m'a touché et m'a fait prendre conscience de ce fait de société que j'ignorais. Car ceux qui sont touchés par cette maladie ne veulent qu'une chose : travailler pour cette même société qui les rejette. Ils veulent se sentir utiles et non exclus. Ce qui m'a particulièrement plu dans cette partie du roman, ce sont les mots de la grand-mère : on peut être prisonnier entre des murs, mais être libre grâce à nos pensées. C'est tellement vrai, mais tellement difficile à appliquer quand on est confronté à la réalité.
Concernant l'histoire elle-même, j'ai beaucoup aimé comment le mystère entourant le passé de Sentarô et de la grand-mère, Tokue, est dévoilé. Tout comme ce partage du quotidien entre une grand-mère et un homme qui, au fil du temps, apprennent mutuellement à briser la glace et à se connaître petit à petit. Comme mentionné précédemment, c'est bien écrit, mais je n'ai pas eu l'effet « waouh » tant attendu. Même si la fin est touchante, l'émotion n'a pas vraiment suivi. J'ai pris énormément de plaisir à lire cette histoire, mais il m'a manqué quelque chose pour rendre ce roman véritablement mémorable. Je ne suis pas déçu de mon achat, mais je ne pense pas que je le relirai.
En conclusion, je conseille à tous de lire Les Délices de Tokyo. C'est un très beau roman qui peint de belles relations humaines sur fond de maladie et de ses répercussions sur la société japonaise. C'est bien écrit et cela incite à prendre davantage son temps dans son quotidien, dans cette société qui veut que tout aille toujours plus vite.