Notre avis et/ou analyse
!! Attention avant lecture !! Qui dit avis dit des risques de spoil.
Benoît
Avis écrit le 23/09/2023
« Comme une envie de se rendre à la papeterie Tsubaki. »
C'est le troisième roman que j'ai le plaisir de lire d'Ogawa Ito. Cette plongée dans la ville de Kamakura avec cet écrivain public m'a fait me souvenir de l'importance des mots et surtout de l'écriture à l'ère du mail et de l'ordinateur. La papeterie Tsubaki m'a aussi ravivé des souvenirs de mon passé quand, jeune, j'écrivais moi aussi des lettes. Un roman plein de charme et de subtilité qui pourra en ravir plus d'un lecteur et d'une lectrice.
La Papeterie Tsubaki est un magnifique et doux roman que nous propose l'auteur. Il nous invite à suivre le quotidien d’une écrivaine public. Ce roman nous raconte des histoires différentes de personnes qui ne savent pas écrire ou ayant envie de passer par un écrivain public. Il y est question d'envoyer les cartes de vœux du nouvel an, de faire une déclaration d'amour ou de rupture, de postuler à un travail, de refuser une offre, et j'en passe. Dans cette petite boutique, des vies se croisent et se rencontrent. Dans ce quotidien, une personne change la vie de gens. Cette atmosphère m'a tout particulièrement plu. J'ai aimé ces liens humains qui se tissent entre chaque personne. Cela m'a rappelé la beauté de l'humain. C'est touchant, attendrissant, surprenant, un roman tout en finesse qui nous raconte la vie de gens qui souhaitent partager leurs sentiments par les mots. Des mots qui sont écrits à la main et dont ces mots retranscrivent les sentiments de l'auteur. Chaque lettre est différente de par son écriture et véhicule une émotion différente. L'âme de l’auteur subsiste, même après sa mort dans l’écriture et les calligraphies laissées derrière.
Après avoir lu ce roman, il est difficile de ne pas faire le parallèle avec nous époque actuelle où la lettre n'a pas disparu, mais ce fait de plus en plus rare. À l'époque des mails et des messages instantanés, il n'y a plus ce plaisir de l'attente. L'attente de recevoir cette lettre qui nous est promise. De faire marcher un peu son imagination quant à sa contenance avant de la recevoir. Quand bien même nous ignorons que nous allons recevoir une lettre, lorsqu'elle se trouve dans notre boîte aux lettres, une émotion toute particulière se dégage de notre corps. Des interrogations font face, qui a bien pu me l'envoyer ? Quelle peut en être le contenu ? Des questions qui laissent place au mystère et à l'envie d'ouvrir cette lettre pour en lire son contenu. La lecture se faisant, différentes émotions nous traversent pour au final laisser en nous une émotion indélébile. Émotion que nous ne ressentons pas quand on reçoit un mail ou un message.
Dans la vie de tous les jours, il est de moins en moins courant donc d’écrire à la main. C'est la fin des lettres qui laisse davantage la place aux mails. Ue époque on l'on écrit moins des lettres, mais davantage des e-mails. Ce petit bond dans le passé fait du bien et me rappelle mon enfance. Même si je ne suis pas vieux, j’ai encore le souvenir bien ancré dans ma tête des lettres que j’envoyais à ma grand-mère maternelle qui était libanaise. La communication par téléphone ou par ordinateur était rare à cette époque. Le meilleur moyen de communication était la lettre. Je les ai encore conservés dans un coin de mon esprit. Ce roman m'a ramené dans mon passé. Un passe pas si lointain, mais que j’avais un peu oublié. Le bonheur d'écrire des lettres au stylo-plume. Une autre époque…
L'atmosphère de ce roman est aussi toute particulière. Le lecteur est invité à visiter Kamakura de par ses temples, ses traditions, ses magasins... Mais aussi, il y est question de rencontres et de relation humaine. Cela m'a beaucoup plu. Cependant, dans le roman, il m'a manqué de nombreuses annotations, autrement dit des explications, sur certains mots, notamment japonais. Même si j'apprends le japonais et que je vis au Japon, je n'ai pas toutes les références. Cela a un peu gâché ma lecture de ne pas connaître certaines particularités. Mais j'ai beaucoup apprécié que l'éditeur ait pris le choix de nous présenter certaines lettres en japonais. Cela a donné plus d'authenticité à ma lecture.
Au final, cette plongée dans la ville de Kamakura, avec la présence de cet écrivain public Amemiya Hatoko ainsi que ces différentes rencontres, a été un moment tout particulier pour le lecteur que je suis. L'humain est complexe, tout comme les relations. Peut-être qu'au lieu de rechercher ce que l'on a perdu, il vaut mieux prendre soin de ce qui nous reste. Que la lettre est un moyen aussi de partager de manière la plus authentique possible ce que l'on a sur le cœur. Ces relations humaines ont été, pour moi, des moments authentiques où les mots et l'écriture ont eu toute leur importance.