Satoyama (里山) est un terme japonais que l'on donne aux zones situées entre les montagnes et les terres arables. Littéralement sato (里) veut dire arable, village, hameau et yama (山) veut dire montagne, colline. De nos jours, le terme satoyama englobe les forêts, les rizières, les prairies, les ruisseaux, les étangs, les mares et les réservoirs pour l'irrigation.
Satoyama est un environnement forestier traditionnel dans lequel les êtres humains, qui sont proches des montagnes et qui y vivent, sont en harmonie avec la nature. Depuis la nuit des temps, les villageois prennent soin de la forêt et cette dernière leur rend d'une autre manière. 68% du territoire japonais est recouvert par la forêt. On note qu'environ la moitié est naturelle, tandis que l'autre est entretenu par les hommes.
Cet environnement vit en harmonie avec les hommes mais aussi avec les animaux. C'est la promesse d'un partage équitable.
Une forêt et ses saisons
Les hommes vivent en harmonie avec la nature et cette forêt. Ils suivent les saisons. Cette forêt a une grande importance pour les habitants des villages. Ils bénéficient de tous les bienfaits de la nature et ceci durant toute l'année.
Chaque automne quelques arbres, très âgés, sont abattus ce qui va leur procurer du bois de chauffage et du charbon de bois. Mais ce n'est pas tout, cela va aussi leur permettre de faire développer les fameux champignons shiitake. (On les utilise en cuisine.) Ce qui va être une très bonne source de revenus pour les paysans. Quand ces derniers tapent sur les rondins, cela annonce le printemps dans le satoyama. Saison qui annonce le début de la récolte et du renouveau. Après avoir pris soin de la forêt durant de longs mois, les paysans peuvent commencer à profiter de ses bienfaits. On note aussi que l'eau fraiche des montagnes remplit les rizières en terrasse. Encore un point qui démontre l'harmonie de l'humain avec la nature. À comparaison, l'hiver est la période la plus rude et dure pour tous les habitants de la forêt, on l'appelle la saison du silence.
Mais la forêt est aussi un lieu qui favorise le retour de l'esprit des morts. D'où la présence des cimetières proches de celles-ci. Même dans l'au-delà on ne peut s'éloigner de la montagne. Une harmonie qui, encore une fois, se démontre parfaitement entre l'homme et la montagne. Un lien fort les unis.
Les animaux qui y vivent
On peut retrouver différentes espèces au milieu des quercus acutissima, chênes typiques de l’Asie orientale. Ce sont des espèces relativement communes à ceux des autres forêts du monde si ce n'est certaines qui sont, bien sûr, propres au Japon. On retrouve par exemple les abeilles, les crapauds, les martins chasseurs violets (que l'on peut traduire par oiseau de feu en japonais), les mésanges, les grenouilles, les ours noir asiatique, les marcassins, les scarabées rhinocéros, les cerfs et biches, les écureuils et les guêpes japonaises. Bien sûr d'autres animaux et insectes sont présents, mais on peut dire que ces derniers sont les principaux.
Les cavités des arbres
Les cavités des arbres, qui sont dus à l'intervention de l'homme quand ce dernier les coupent, sont un lieu important pour de nombreux animaux de la forêt. C'est certes humide et froid, mais c'est à l’abri du danger. On constate que certaines sont bien visibles, pour nous humains, mais d'autres sont tellement minuscules que seul les animaux, tels que les abeilles, y ont accès.
Seulement la base du tronc reste. Mais au retour du printemps, des pousses réapparaissent et peuvent atteindre 2 mètres de long en un seul été. L'abattage s’effectue dans une zone différente chaque année, ce qui va permettre à la forêt de se régénérer. Ce cycle de l’abattage et du rajeunissement se répète chaque année et c'est ainsi que se forment ces fameuses cavités dans les arbres. Grâce aux humains les animaux peuvent y vivre, s'y protéger ou bien proliférer.
Les champignons shiitake
Les moisissures de shiitake ont poussé tout l'hiver dans cet environnement ce qui a fortement favorisé la formation de ces fameux champignons. Mais pour en arriver là, les hommes mettent en place tout un système pour permettre leur prolifération.
Pour commencer, les rondins à champignon ont une taille bien précise. Les fermiers utilisent un bâton, en bambou, pour avoir une coupe régulière et donc de même taille pour tous. Ceci fait, ils vont entasser les rondins pour préparer le lit des champignons. Cependant, ceci ne se fait pas n'importe comment. Ils les disposent en croisions et utilisent une technique de superposition unique au Japon.
Mais l’ennemi numéro un du champignon est le soleil d'été. S'ils sont exposés trop longtemps, ils peuvent mourir et donc aucune récolte ne sera possible. A contrario, s'il y a des pluies importantes, cela va favoriser leur croissance.
Enfin, si les rondins ne peuvent plus produire de champignons, les villageois vont les laisser pourrir à un endroit bien précis pour que les substances nutritives du bois retournent dans le sol. On suit le cycle de la vie. On ne jette rien et on fait en sorte que la nature ne soit pas détériorée.
Les chiffres et la réalité
Entre 1955 et 1975, des écarts sociaux économiques ont été créés entre la population des villes et des villages. Ce qui a conduit, en partie, au dépeuplement des villages de montagnes. Mais ce n'est pas tout. Les conditions naturelles telles que la neige, les pentes, les éboulements mais aussi, les difficultés de se déplacer et rien que le fait d'être éloigné de tout, n'ont pas aidé dans le fait de pousser la population à rester dans ces fameux villages proches des montagnes.
De plus le déboisement, pour la construction de maisons et pour tout l'aspect économique de la chose, a éloigné les habitations de ces forêts. Ce n'est pas tout, l'évolution de la société fait que peu veulent aller travailler là-bas et préfère les grandes villes. On ajoute à ceci le vieillissement de la population qui n'aide en aucun cas. Les générations qui suivent, ont de moins en moins envie de prendre le relais de leurs aînés. Un dur labeur est demandé, où les perspectives d'avenir sont plus que moindres. Ce qui a fait que les satoyama se sont peu à peu désertifiés.
Même si des associations ont été mises en place pour permettre la conservation des satoyama, ce n'est pas encore ça. En 2001, plus 500 associations écologiques travaillaient pour la conservation de cet environnement forestier. Même si tout cela semble paradisiaque, on est très vite confronté à la dure réalité de la vie en montagne.
Conclusion
Les hommes donnent et prennent telle est la promesse ancestrale. La forêt leur rend à sa façon. Les hommes continuent de perpétrer la tradition et en aucun cas ne prennent plus que la forêt ne peut leur donner. Vivant en harmonie avec la nature et les animaux, cet équilibre permet à des personnes de vivre dans cet environnement forestier que l'on appelle satoyama.
Avec l'aide de Wikipedia et du reportage diffusé sur Ushuaïa TV.