Toute personne qui s'est rendue au Japon ou qui s'intéresse un peu à ce pays sait qu'il est rare de ne pas retrouver les affaires que l'on a perdues. Il suffit de se rendre au koban (petit poste de police que l'on trouve au détour d'une rue au Japon), et d'informer la raison de notre venue : perte d'un objet. Vous faites le signalement et la majeure partie du temps, vous retrouvez votre bien. C'est du moins en partie vrai. Dans cet article, je vais vous parler de mes différentes expériences, pour commencer en tant que personne qui a perdu quelque chose au Japon, mais aussi le fait que je me sois rendu au poste de police pour rendre un objet que j'avais trouvé.
Les raisons
Connu pour être un des pays les plus sûrs au monde. Il n'est donc pas rare de voir, par exemple, dans un café un portable seul sur une table. La raison ? La personne en question est partie acheter sa boisson et a posé son portable pour simplement dire : je réserve ma place.
Il y a trois raisons principales qui font que très souvent, vous allez retrouver vos objets au Japon :
- la première raison, c'est que les Japonais pensent que « Kami-sama » (神様), Dieu en français, les regardent tout le temps (cela même s'ils ne croient pas en Dieu). « Si je fais quelque chose de mal ou de bien Kami-sama me regarde tout le temps. Puisque Kami-sama me regarde alors je ne dois pas faire quelque chose de mal. » C'est depuis l'enfance et c'est dans leur éducation.
- la seconde raison, ce n'est pas Dieu, mais les gens qui te regardent. Les japonais s'inquiètent de ce que les autres pensent d'eux. « Si je prends cela, quelqu'un d'autre peut regarder », donc on évite de le faire. Si quelqu'un regarde, comme c'est une société sur la collectivité, ils s'inquiètent de ce que peuvent penser les autres. Ils ne pensent pas qu'à eux ils pensent aussi aux répercussions que cela peut avoir sur leur père, mère, enfants, etc. Au final, ils veulent, en quelque sorte, sauver les apparences et faire en sorte que cela ne dérange personne.
- la troisième raison, cela est dû en partie à l'éducation que les enfants ont depuis leur plus tendre enfance. Pour faire simple et concis : ne prends pas ce qui ne t'appartient pas.
Il y a bien d'autres raisons qui font que la majorité les objets sont souvent retrouvés au Japon, mais je vous ai listé, d'après moi, les 3 principales.
Les vols
Mais attention ! Il ne faut pas croire qu'il n'y a pas de vol au Japon. Il y en a, mais si l'on compare à l'Europe, il est vrai que le fossé est assez important. Vivant au Japon depuis des années, j'ai pris certaines habitudes notamment celle de poser mon sac pour réserver ma place, laisser mon ordinateur sur une table de café pendant que je vais aux toilettes, etc. Si je retourne en France, je pense qu'inconsciemment, je ferais la même chose. Je n'insinue pas que mes affaires se feront voler, mais statistiquement, cela peut être plus facilement le cas en France, qu'au Japon.
Mais aussi, parfois, les jeunes volent pour envoyer un signe à leurs parents : je souffre, je suis trop en stresse, j'ai besoin d'aide, s'il vous plaît regardez-moi. Mais cela peut-être aussi le moyen d'appartenir à un groupe, de tester ses limites ou bien d'être dans le vent. Par exemple, des amis de mes amis ont volé dans le passé, lorsqu'ils étaient jeunes, car cela faisait cool...
Enfin, je terminerai par un terrible constat : beaucoup de vols sont perpétrés par des personnes âgées. La raison ? Elles n'ont pas suffisamment de quoi vivre ou bien se sentent seules. Si elles volent, elles vont se faire arrêter et de ce fait, elles vont être emmenées en prison. En prison, elles trouveront tout le confort. Elles seront nourries, logées et blanchies. Triste, mais c'est la réalité.
Quand j'ai perdu mes affaires
Il y est maintenant question de mes propres expériences. Depuis que je suis au Japon, j'ai perdu des affaires. Il m'est arrivé d'oublier mon téléphone portable à la salle de gym et d'y revenir 15 minutes plus tard pour constaster qu'il n'a pas bougé de place.
Mais j'ai eu d'autres expériences, notamment deux, dont, jusqu'à ce jour, je n'ai pas retrouvé mes affaires.
Première histoire
C'était en 2015, mon premier voyage de deux semaines au Japon. Je venais de remplir ma carte suica, carte de transport japonais, pour faire mon trajet : Tokyo à Kyoto. Mais voilà que la veille de partir, je la perds dans une gare de la capitale. Après mes différentes recherches, je ne l'ai pas retrouvée.
L'hôtel, où je logeais, a même téléphoné aux autorités compétentes, mais sans succès. C'est donc en repayant, une nouvelle fois, mon billet que je suis parti pour Kyoto.
Seconde histoire
La seconde est plus récente. Elle date de quelques mois. J'ai perdu mes écouteurs d'une valeur de 5,000 ¥ (~ 38 € 30). Après mes recherches de plusieurs heures, en retournant sur les lieux où je les aurai potentiellement perdus, je ne les ai jamais retrouvés à ce jour.
Mais cette fois-ci, je me suis rendu au koban, un poste de police au Japon, afin d'y faire ma déclaration. Il suffit de remplir un document et de fournir vos informations personnelles. La police vous demande un maximum de détails sur l'objet en question et un numéro de dossier vous est attribué. Ensuite, c'est terminé. Si l'objet est retrouvé, ils vous appellent. Mais si vous le retrouvez entre-temps, il vous faut contacter la police et leur informer que vous avez retrouvé l'objet en question. De ce fait, ils peuvent clore le dossier.
Quand j'ai trouvé des affaires
Mais il m'est aussi arrivé de retrouver des affaires. Cela m'est arrivé trois fois et à chaque fois, je me suis rendu au koban. Mais à chaque fois, cela ne s'est jamais passé de la même manière.
L'histoire du téléphone
C'est alors que je me pars faire mes courses à vélo, comme à mes habitudes, et sur mon trajet, je trouve un iPhone, pour ne pas le nommer. L'écran est complétement cassé, mais il semble fonctionner si j'appuie sur le bouton central. De ce fait, je cherche un koban afin de pouvoir le donner aux autorités pour que la personne, qui l'a perdu, puisse le retrouver.
Arrivé sur place, le policer me questionne sur l'emplacement où je l'ai trouvé, si l'écran était cassé quand je l'ai retrouvé et cela se termine ainsi.
L'histoire du portefeuille
Un soir, 22 h, je termine le travail et je rentre chez moi. Jusque-là rien d'anormal dans la situation. Mais à peine après avoir roulé 4 minutes à vélo, je trouve par terre un portefeuille. Que faire ? Je me dis : peut-être que la personne va s'en apercevoir et va revenir sur ses pas afin d'essayer de le retrouver. Mais finalement, je décide de l'emmener au koban. Un peu loin de mon emplacement, je fais le détour.
Comme ma précédente histoire s'était passée rapidement, je m'attendais à la même chose cette fois-ci. Mais il n'en sera rien ! Une très gentille policière me fait remplir un document. Cela concerne mes informations personnelles, entre autres.
Puis vient la question de : l'orei, お礼 en japonais. Première fois dont j'entendais ce mot. C'est alors que grâce à mon dictionnaire, et après avoir appelé ma fiancée, je comprends de quoi il s'agit. Au Japon, il est possible que l'on vous récompense pour avoir retrouvé un objet. Vous pouvez bien sûr refuser. Ce n'est pas une obligation. La récompense peut être de l'argent ou bien, dans le cas présent, le portefeuille, mais bien sûr vide de ses affaires. Vous pouvez choisir la récompense : argent ou objet, ou les deux. La décision finale revient au propriétaire. Mais vous pouvez bien sûr ne rien souhaiter en guise de retour. Vous êtes libre de votre choix.
Vraiment surpris par cette pratique, c'est néanmoins quelque chose de normal au Japon. Il faut savoir qu'en moyenne les propriétaires donnent en récompense 5 % à 20 % du montant qui se trouvait dans le portefeuille.
L'histoire du permis de conduire
Cette fois-ci, je me rendais au travail. Sur ma route, je trouve un permis de conduire. Même attitude que les fois précédente, je me rends au koban. Une fois sur place, les policiers me remercient et me demandent si je veux accepeter l'orei, impliquant de remplir les documents. Je les remercie et je leur informe que je suis pressé. Cela se termine ainsi.
Conclusion
Au final, le Japon est un pays où il est facile de retrouver ses affaires, dans la majeure partie des cas. Cela est en partie dû à l'éducation que les enfants ont depuis leur plus jeune âge. Mais c'est loin d'être à 100 % le cas. Comme dans tous les pays, il arrive que parfois, vous ne revoyiez plus jamais vos affaires, comme c'est le cas pour moi.