Notre avis et/ou analyse
!! Attention avant lecture !! Qui dit avis dit des risques de spoil.
Benoît
Avis écrit le 23/05/2020
« Un roman qui met la lumière sur le nucléaire, mais d'une manière qui donne réellement à réfléchir. »
Étant mon auteur japonais favori, avant même de commencer, je suis presque conquis par la plume de Keigo Higashino. À chaque fois, c'est un réel plaisir que de lire ses romans. Cette fois-ci, c'est un roman plus engagé qu'il nous délivre avec un fort message de véhiculer. Il m'a réellement donné à réfléchir sur le sujet. Roman très détaillé, comme à son accoutumé, c'est au cœur du monde des centrales nucléaire que le lecteur est plongé, et cela, pendant de très longues heures de lecture. Un monde étrange, et pour la plupart inconnu, mais un monde dont on a tellement besoin dans notre vie de tous les jours.
Un très bon roman policier où tout est lié et où rien n'est laissé au hasard. Chaque événement ou choses a sa raison d'être. Cela permet donc de rester captivé et d'avoir envie que d'une seule chose : connaître le fin mot de l'histoire. Riches en rebondissements, page après page, l'histoire avance et donne envie au lecteur d'en apprendre davantage sur le fond de l'histoire. Parsemé de riches informations sur les centrales nucléaires, c'est avec plaisir que l'on suit les aventures de tous les protagonistes. Sans réellement de personnage central, c'est l'histoire de tous qui, une fois recollée, donne le grand plan et un roman captivant où tout est très bien construit et même si parfois il m' a manqué un peu d'adrénalide.
Le message du roman est très clair : on en a besoin tous les jours, son utilité est vitale pour faire fonctionner nos appareils ou tout ce qui fonctionne avec l'électricité. Et sans réellement le vouloir, ou bien que l'on ne souhaite pas réellement s'en rendre compte, si ce dernier n'est plus présent, on est plus qu'embêté. On ne pense pas au nucléaire jusqu’à ce que cela nous concerne, nous directement. On peut aussi ignorer que, par exemple, non loin de chez soi il peut y avoir des transits de combustible pour le nucléaire par camion. Au fur et à mesure de ma lecture, je remarque que sans le nucléaire la vie est bien difficile. À l'ère du numérique et de tout ce qui fonctionne avec l'électricité, faire sans cela s'avère bien compliqué. Roman édité en 1998, depuis cette année-là, les évolutions et les inventions ont bien sûr eu lieu, mais force est de croire, que même maintenant s'en passer, cela serait-il possible ? Question qui demande réflexion.
Le roman nous propose aussi, en plus d'une excellente enquête, différents regards sur le nucléaire : les opposants, ceux qui travaillent de près ou de loin avec une centrale nucléaire, les policiers et ceux pour qui ils n'ont aucun avis sur la question. L'auteur ne nous propose pas une seule vision de la chose, mais bien plusieurs ! On ne s'arrête pas à une seule façon de voir les choses. On voit des deux côtés de la pièce et c'est ce que j'ai trouvé de très constructif, tant pour avoir un esprit critique, mais aussi être informé des différents regards possibles sur le sujet. Certains y travaillent pour l'argent, au vu que c'est un métier qui paye bien comme personne ne veut y travailler, d'autres y voient un intérêt économique, tel que les infrastructures officielles, puis les habitants voient cela d'un tout autre œil. Tout comme les opposants qui font en sorte de bien se documenter et se battent pour une cause pour laquelle ils croient. C'est réellement éclectique et j'ai beaucoup apprécié cela. Cela m'a permis d'ouvrir mon esprit à différentes possibilités. Certes, cela reste un roman, mais qui n'est pas loin de la réalité.
En parlant de réalité, le lecteur est vraiment plongé au cœur d'une centrale nucléaire avec des explications des plus détaillées et concrètes. Ce n'est pas quelque chose de vague qui est mis sur le papier, mais bien des faits, qui pour moi, me semblent bien réels. L'auteur a dû mener ses recherches pour autant détailler les choses. Il y a aussi une mise en lumière, à l’époque, d’un système de centrale que le monde entier avait annulé et arrêté son développement, mais que seul le Japon avait continué : le réacteur surgénérateur à neutrons rapides. Je peux me tromper; n'ayant pas mené mes recherches par la suite, mais j'ose croire Keigo Higashino. Autrement, il a une sacrée imagination. Cependant, les explications étaient tellement concrètes, que très souvent, il m'a perdu, pour l'esprit littéraire que je suis.
Autrement, le roman fait aussi, très brièvement, un aparté sur l'ijime. Sujet sensible, le fait de le mettre à la lumière, je trouve cela très bien. Même si de nos jours, les choses vont en s'améliorant, il est toujours bon de ne pas oublier que des enfants, encore aujourd'hui, souffrent à cause de maltraitance d'autres élèves. Et même si cela n'est que, à la base, pour s'amuser, parfois cela va jusqu'au drame : le suicide. Mais faire le parallèle entre l'ijime et les centrales nucléaires est très bien amené. Les gens, tout comme moi sur différents sujets, mettent un masque, car ils ne veulent pas savoir. Ils préfèrent vivre dans l'ignorance, car s'ils décident de s'impliquer, ils ont peur du résultat que cela peut donner. Alors ils préfèrent ne pas savoir. Ainsi si l'avis est demandé, la réponse sera peut-être : je ne savais pas ou bien, je l'ignorais.
Finalement, cela reste un très bon roman de Keigo Higashino. Une enquête policière très bien amenée et très prenante pour le grand amateur du genre que je suis. J'ai trouvé que ce dernier prenait un peu plus position sur un sujet très précis : les centrales nucléaires. Parfois seule une enquête est présente sans réelle prise de position ou morale. Ce roman change un peu, et cela est, pour moi, quelque chose de positif. J'ai appris de nombreuses choses sur le sujet. J'ai pris conscience des hommes de l'ombre qui font marcher les centrales aux périls de leur vie, pour certains. Mais aussi du nucléaire qui est bien présent dans mon quotidien sans que j'en prenne conscience à chaque instant. Tout comme j'en ai appris sur leurs manières de fonctionner. Depuis la parution de ce roman, 2011 est survenu. Cela a été un choc pour moi lorsque cela est arrivé. Qui plus est actuellement, je partage ma vie avec une Japonaise qui a vécu ce fameux jour de mars 2011. Même si je continue de m'informer depuis mars 2011 sur cette partie du Japon, à la lecture de ce roman, je ne suis pas resté insensible.