C'est pour mieux pouvoir s'exprimer que les adolescents Japonais font des cosplay, ou juste pour s'amuser. Mais l'on remarque que même en dehors des « journées cosplay », ceux-ci n'hésitent pas à se créé une identité, grâce aux différents styles qui leur sont proposés. Mais plus qu'un style, ils jouent de véritables « jeux de rôle », car ils s'identifient toujours à des personnages de mangas ou des célébrités.
Nous allons voir les différents styles les plus connus que les Japonais peuvent revêtir sans crainte et sans honte.
Les fruits ont créé un style vestimentaire riche en couleurs et en accessoires, elles pourraient rentrer dans un groupement de styles que l'on pourrait appeler « kawaii », qui veut dire « mignon ». Ce style ne cherche pas à imiter un personnage ou un groupe de musique quelconque.
On pourrait dire que les jeunes s'habillant comme ça achètent tout ce qu’ils trouvent mignons et les assemblent selon leurs goûts. Nous pourrions juger ces accoutrements excentriques ou « trash » mais les Japonais, diraient « non », tout simplement parce que ce genre de style est rentré dans leurs moeurs.
Toujours dans le style « kawaii » nous pouvons trouver les « décora » ou « pink ». Comme leurs deux différents noms l'indiquent, ce style consiste à assembler beaucoup d'accessoires et le plus de rose possible. Il pourrait se rapprocher du « fruits », puisque les principes sont presque les mêmes.
Le style « cyber » se rapproche beaucoup du cosplay, car la tenue est non seulement excentrique mais délirante et peut faire référence à des personnages de jeux vidéo.
Ce style peut s'apparenter aussi aux « décora », car il n'hésite pas à utiliser plusieurs sortes d'accessoires complètement « farfelu », tel que des tubes, des faux cheveux de couleurs vert, bleu, rose... Généralement les adeptes de cette mode cherchent à ressembler à un personnage venu du futur, il y a là encore un désir de sortir de la vie quotidienne. C'est aussi un moyen de sortir des normes et de se dire « je ne suis pas comme les autres », en se créant une sorte de personnage futuriste.
Cette mode s'appelle « sweet lolita », comme pour beaucoup d'autres styles, le mot « lolita » est utilisé, comme si c'était pour illustrer « la jolie petite fille ». Dans ce style c'est exactement l'effet recherché, le but est de faire une sorte de retour à l'enfance, pour paraître « kawaii ».
Les modèles de robes sont faites à partir de ceux des occidentaux, par exemple sur le modèle d'une robe de petite princesse ou d'enfant bourgeoise. Les couleurs utilisée sont dans les tons pastels (bleu, blanc, rose).
Leur but est de ressembler à une véritable petite poupée de porcelaine, pour cela elles conservent aux mieux leur couleur de peau (pâle). Pour coller avec ce style, ils leurs faut utiliser un certain langage, une certaines voix et surtout avoir des expressions de visages jugées « mignon », pour faire référence à un enfant.
Pour compléter le tableau, leurs robes sont faites avec beaucoup de froufrous ou de dentelles, sans être trop chargées. Elles jouent donc un rôle qui leur colle à la peau (puisque c'est celui qu'elles ont choisi parmi tant d'autres).
Les gothic lolita s'habillent elles aussi le plus souvent avec des robes taillées selon le modèle occidental (et plus précisément européen). Mais à la différence des sweets lolita les couleurs de leurs habits sont sombres, le plus souvent noir et blanc, mais aussi bordeau ou encore bleu foncé.
Elles sont à la fois kawaii, mais font un contraste avec cet esprit et les couleurs sombres qu'elles utilisent. De plus les gothic lolitas peuvent s'identifier à certaines célébrités comme Mana (membre du groupe Malice Mizère) qui s'habille lui-même avec des robes gothic lolita.
Ce style colle parfaitement avec un style de musique bien définit, plutôt rock/métal. Les gothic lolitas s'identifient donc parfois à des personnalités et jouent là encore un « jeu de rôle ».
Une mode s'est créée, elle mélange un peu de tout et est apparentée à un style de musique précis. Je nomme le « Visual Key » qui s'inspire des tenues et des accessoires des personnages de mangas.
Un style qui jouent dans les couleurs foncées et peut s'inspirer aussi des gothic lolita bien que celui-ci paraît plus moderne. En effet si les gothic lolita s'inspire des anciens styles vestimentaires de l'Occident, le Visual Key quant à lui pourrait être qualifié de mode SM.
Les matériaux et accessoires utilisés sont assez modernes et les coupes de vêtements sont totalement farfelues et originales. Parfois le modèle de ses vêtements fait référence aux vêtements traditionnels japonais, ce qui nous montre la variété que nous apporte ce style. On peut aussi citer les Punk qui sont très moderne, mais ils ne sont pas typique du Japon, cette mode leur vient des Etats-Unis.
Groupe de Visual Key : Kgrra (s’habille avec des habits traditionnels japonais, mais jouent du hard/rock)
Les horror lolita veulent apporter une belle image de la femme, mais en contraste elles utilisent beaucoup de maquillage pour simuler des plaies ou du sang. Elles sont néanmoins très mignonnes, même si elles représentent des visions d'horreur.
Les industrial lolitas, se rapprochent beaucoup du style Visual Key et du style Punk, mais se caractérisent par les différentes couleurs utilisées (autres que le noir) et l'utilisation de tissus écossais ou à carreaux.
C’est ce que nous pourrions appeler la mode hawaïenne. Le nom principal de ce style est « kogal ». Les kogals ont le teint bronzé, les cheveux teints, les vêtements plutôt « flashis ».
Ces différents styles aident les jeunes Japonais à se créer une identité autre que celle scolaire et familial. Ces adolescents défient la tradition en se créant une identité moderne, mais cela ne marche que dans les rues, ou en tout cas en dehors de l'école et de la maison (à part dans leur chambre). En parallèle à tous ces « jeux de rôle » le jeune Japonais doit s'intégrer dans la vie sociale et d'abord réussir ses études.
Ces jeux de rôles permettent au Japonais de s’exprimer librement lorsqu’ils ne sont plus sous l’influence de l’éducation scolaire car une fois à l'école ils revêtissent l’identité du parfait petit Japonais, se conforme aux différentes règles de leur école et ne peuvent échouer dans leurs études. De plus ils n'ont pas le droit de décevoir leurs parents, car c'est l'honneur de toute la famille qu'ils jouent.
En effet au Japon la réussite scolaire est avant tout une priorité et une fierté pour soi-même et pour sa famille même si cela est très dur. L’école est un véritable parcours du combattant.
« Tous les jeunes Japonais n’en viennent pas à bout, loin de là » nous dit une étudiante, et ajoute : « C’est un peu comme en France. » En cours de route, nombre d’élèves sont en effet réorientés vers des filières professionnelles. L’école japonaise est très sélective. Le tronc commun classique est donc difficile à suivre.
Au lycée les 3 années (de 16 à 19 ans) sont ponctuées de nombreux examens : un examen principal à la fin de chaque trimestre et un autre en milieu de trimestre, ce qui nous montre la difficulté de la scolarité au lycée mais aussi la volonté d’aller plus loin et donc de réussir pour ceux qui ont pu arriver jusque là, car il faut savoir que l’école n’est plus obligatoire à partir de quinze ans.
L’esprit de compétition est donc fort et influence beaucoup les mentalités. « On se bat pour être le meilleur de la classe ».
Pour ceux qui ont pu passer le cap du lycée, ils arrivent maintenant à l’université où ils doivent passer le « Daigakenyugakehigun » un diplôme d’entrée dans l’établissement. Non seulement il conclut le long cycle d’études secondaires, mais il oriente également le cursus universitaire (matière, type d’université et niveau). Ce concours détermine la suite des études des jeunes Japonais mais aussi leur avenir professionnel.
On comprend alors qu’à l’image des jeunes Français, les jeunes Japonais semblent obnubilés par cet examen qui peut se conclure soit par un échec ou une réussite. C’est pour cela que beaucoup de collégiens et de lycéens prennent des cours supplémentaires, après l’école, pour être sûrs de réussir les concours et de pouvoir entrer dans les universités ou écoles qui les intéressent.
Le rythme du travail est donc très soutenu avec une obligation de résultat, accompagné d’une bonne dose de stress et de fatigue.
La réussite scolaire est faite pour atteindre des objectifs qui sont d’ailleurs proches de ceux des occidentaux c’est-à-dire « d’acquérir du savoir et des connaissances ». Même si ces objectifs sont atteints malgré le niveau de difficulté relevé, on constate souvent un déséquilibre de l’élève du à trop de travail.
Et c’est une fois sorti de ce cadre scolaire stressant que les étudiants japonais peuvent dévoiler leur identité et surtout leur créativité. Cela leur permet de « souffler » et d’échapper à toute cette pression scolaire.
Dans le cadre scolaire, tradition et discipline sont les mots maîtres. Tout est très hiérarchisé ; les droits des élèves, des professeurs ou du proviseur sont très différents. Au début et à la fin de chaque cours les élèves doivent une révérence aux professeurs.
De même, les élèves et les professeurs font la révérence au proviseur du lycée quand ils croisent. Ce dernier est une personne très respectée. L’élève n’a aucun droit, sinon celui de venir à l’école et d’être éduqué. On lui demande de porter l’uniforme, d’avoir une coupe de cheveux parfaite, des ongles courts, de ne porter aucun bijou, ni maquillage, ce qui ne leur permettent pas de s’exprimer au niveau vestimentaire ni de s’affirmer.
Cela accentue alors l’image d’une société obsédée par le travail et la réussite. Dans ce monde on est là pour travailler et pas pour faire un défilé de mode.
Cela nous montre une fois de plus que l’éducation est très verrouillée et stricte, tout comme le respect d’autrui.
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